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par Société Centrale Canine

5 février 2018
 

Génération après génération, les idées reçues perdurent dans l’élevage canin. Pourtant, en analysant les plus répandues, tout éleveur peut rapidement expliquer certains résultats inexpliqués jusqu’alors, dans son élevage ! Voici quelques idées reçues qui méritent « un décorticage » à la régulière afin qu’enfin, la réalité vous imprègne. Merci à Frikkie Van Krayenburg, un généticien sud-africain, qui a accepté de « coopérer » à cette série d’articles sur la génétique et l’élevage.
 

L'élevage par l'exemple
 

Si ce n’est toi, c’est donc ton frère
 

À défaut d’utiliser le grand reproducteur pour des raisons multiples et variées, les éleveurs se « rabattent » souvent sur le frère en prétextant bénéficier du même potentiel génétique. « Il a les mêmes géniteurs, donc son potentiel génétique est exactement le même. En plus, vous savez, en utilisant le frère, j’économise près de 1 000 km en déplacement. » Figurez-vous que le prix de la saillie est inférieur de 40 %... Tous les prétextes sont bons…
 

Le potentiel génétique d’un frère n’est jamais équivalent à celui de l’étalon convoité initialement :
 

  • en berger allemandZamp Vom Thermodos, décédé en 2010, est considéré comme le meilleur berger allemand produit dans son pays d’origine au cours des trente dernières années. Il a brillé par sa classe mais également ses qualités de reproducteurs, contrairement à son frère Zasko qui est resté dans l’ombre du champion et ne l’a jamais égalé... 

  •  chez le boxer, le fameux Athos de l’Enfer n’a jamais été concurrencé par son frère de portée Alban

  • chez le dobermann, le fameux Gino Gomez Del Citone, né en 1997 dans un élevage italien, a révolutionné l’élevage en Europe à la fin des années 1990. Issu de l’accouplement incestueux frère et sœur, il a été utilisé par la majorité des plus grands éleveurs contemporains a laissé une trace indélébile dans la sélection actuelle. 
     

Tout éleveur digne de ce nom le sait parfaitement aujourd’hui : le potentiel génétique entre deux frères de portée n’est jamais identique, tout comme, leur phénotype qui donne souvent, de précieuses indications.

 

L’importance  de l’ascendance
 

Malheureusement, non, surtout pas ! Certes, si seules les lignées bien établies engendrent des sujets de qualité, il faut que le sujet en question présente des qualités cohérentes avec celles de son ascendance. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Le mythe du champion allié à une championne est une idée qui trouve très vite ses limites.
 

Construire le plus beau pedigree ne peut jamais donner de résultats convaincants, si les deux géniteurs utilisés sont de qualité moyenne, voire médiocre. Un papier ne remplace pas ce que l’on voit, et ne remplace surtout pas, des examens complémentaires (santé, recommandation d’élevage, tests de caractère) qui confirmeront ou non, la qualité de l’ascendance.
 

En conclusion, utiliser un géniteur ou une génitrice (bien que ce soit souvent les deux qui sont concernés) de qualité en dessous de la moyenne au motif que son pedigree est exceptionnel est un parcours du combattant que seuls de très grands éleveurs réussissent. Je pense en particulier, au « fixateur » du griffon d’arrêt, Edward Korthal, qui a utilisé sciemment des sujets médiocres d’apparence, mais en connaissant parfaitement leur ascendance, il a su améliorer les générations qui ont suivi grâce à sa parfaite connaissance de l’ascendance, ce qui est le cas de très peu de gens aujourd’hui.
 

Seul l’étalon compte
 

Soit, un vieil éleveur de mâtins de Naples évoquait un traceur de renom présent dans de nombreux pedigrees (à l’époque où le contrôle de filiation était inexistant, et les pedigrees valaient plus par la parole que par l’écrit) en disant : « Même s’il saillissait des chèvres, je suis persuadé que son type serait omniprésent dans la descendance... » En définitive, aucun chiot ne comptera plus de gènes issus du père que de la mère mais l’empreinte du père pourra être très présente chez les chiots de la portée, sans conditionner majoritairement leur potentiel génétique. Un éleveur de beauceron fort connu, a précisé, après 25 ans de sélection, que seuls les étalons utilisés devaient être radiographiés pour la dysplasie et de facto, cet examen était inutile chez les lices.
 

Je ne vous « précise » pas le nombre de « chiots touchés » qu’il a produit avec cette « idée reçue » sans aucun fondement génétique sérieux !

 

Inbreeding  = maladies génétiques...
 

Elle ne fait que de les révéler et permet, dans un programme de sélection canine, où il n’existe pas de test génétique de dépistage pour une maladie précise, de « voir » rapidement, si la lignée est « porteuse » ou pas. Cette théorie est une vieille histoire, beaucoup plus ancienne que l’élevage canin lui-même. En effet, la dégénérescence des familles royales s’expliquera ultérieurement, par l’excès de consanguinité avec l’apparition de tares héréditaires. En élevage canin, avec des générations « courtes », il est possible d’écarter de la reproduction les sujets malades, mais également les porteurs sains dépistés. Cependant, « la consanguinité entre des mains inexpérimentées, c’est comme confier la conduite d’un bus à un chimpanzé », souligne le généticien Théodore Menzel.
 

Les gènes récessifs (allèles précisément) qui expliquent l’apparition de nombreuses maladies héréditaires, réapparaissent (phénotype) par le biais de l’inbreeding et par ce chemin sélectif, ils permettent à un éleveur de voir ce que sa « base d’élevage » lui cachait jusqu’à présent. Toutes les races canines se sont « créées » de façon incestueuse à cause de la taille réduite de la population initiale. Au fil des générations, tout en partant d’un même arbre, sont apparues des branches (lignées) qui, au bout de 30 générations, ont « apporté » une diversité génétique indispensable à la survie de la population considérée.
 

D’autres idées fausses perdurent également : combien d’éleveurs voient l’amélioration passer exclusivement par l’étalon en pensant que ce dernier transmet plus de « ses allèles » que la mère des chiots. Ce qui est totalement faux. Pour qu'un caractère récessif qui s’exprime dans la portée, certains éleveurs continuent de penser qu’un seul des parents doit être porteur pour obtenir un tel résultat...Pour qu’un caractère récessif s’exprime, les deux géniteurs doivent être « porteurs ». 
La deuxième ligne d’une généalogie (grands-parents) intéresse beaucoup les éleveurs, car elle est selon eux très importante. C’est vrai car dans certains cas, les chiots peuvent ressembler phénotypiquement à un des grands parents, ce qui signifie qu’il « porte » nombre de ses chromosomes. 

 

Source : Jean Aymard Franck Haymann et François Nicaise pour  revue chiens 2000

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